Qu’est-ce que c’est ?
Pour vous les curieux, nous allons approfondir un peu plus le sujet.
Pour commencer, de quels sens parlons nous?
Généralement, ce sont au moins deux des cinq sens de base qui sont sollicités (la vue, le toucher, l’audition, l’odorat, le goût) mais pas que. En effet, nous possédons plus de cinq sens contrairement à ce que nous apprenons depuis tout petit à l’école.
À ce jour, la communauté scientifique s’accorde sur le fait que nous possédions neuf sens.
Les quatre sens supplémentaires sont :
La proprioception :
qui est la capacité à savoir où se situent nos propres membres
La thermoception :
qui est la capacité à ressentir les températures
La nociception :
qui est la capacité à reconnaître la douleur
L’équilibrioception :
qui est la capacité à maintenir son équilibre avec le système vestibulaire situé dans l’oreille interne
Ainsi lors d’une stimulation multisensorielle, nos sens de la proprioception, de l’équilibrioception et de la thermoception peuvent également être stimulés. Pour des raisons évidentes, la nociception n’est pas stimulée (Milgram n’est pas passé par là…).
Concrètement, comment notre corps traite cette stimulation multisensorielle ?
Pour plus de cohérence, nous choisissons d’utiliser le terme d’intégration multisensorielle sauf quand nous faisons référence explicitement à l’approche développée par Ayres.
- les travaux autour de la facilitation intersensorielle qui est « l’étude de la présentation d’un stimulus accessoire sur le traitement d’un stimulus cible de modalité différente (6),
- les travaux comparant du traitement de cibles bimodales à celui de cibles unimodales (effet de cibles redondantes, « redundant target effect ») (7).
Facilitation intersensorielle
Exemple de l’effet de cible redondante
Effet de ventriloquie
Effet McGurck
- Le cortex préfrontal pour maintenir des activités simultanées dans différentes aires cérébrales (10).
- L’hippocampe en particulier pour l’encodage à long terme des liens entre les différents composants sensoriels.
- Le thalamus car, excepté l’information olfactive, toutes les informations sensorielles passent par le thalamus avant d’être projetées dans les aires néocorticales du cerveau. Et inversement, des régions corticales vers le thalamus. Selon certains auteurs, ce sont ces activations réciproques qui jouent un rôle primordial dans l’intégration multisensorielle (11).
Localisation Neuro-anatomique
Pourquoi faisons-nous de la stimulation multisensorielle si nos sens sont déjà constamment sollicités ?
A partir de cela, dans le domaine de la santé plusieurs approches ont été proposées, inventées afin de pouvoir accompagner les personnes et promouvoir leur bien-être. Parmi les plus répandues, il y a l’approche de Ayres développée plus haut et l’approche Snoezelen qui est aussi devenue une marque déposée.
L’approche Snoezelen
Cette approche est présentée à partir de 1974 par Jan Hulsegge, musicothérapeute, et Ad Verheul, ergothérapeute. Elle provient de la contraction de deux verbes hollandais « snuffelen » et « doezelen » qui signifient respectivement « renifler »/« flairer » et « somnoler »/« se relaxer ». Elle comprend donc deux approches, celle de la stimulation sensorielle et celle de la relaxation corporelle (14). Par contre, la situation stimulante dans un contexte Snoezelen n’est pas considérée comme une tentative d’enseigner une compétence spécifique ou une base pour simplement proposer le repos et le calme, mais comme une opportunité de promouvoir un sentiment général de bien-être en s’engageant dans des activités agréables et stimulantes qui ne produisent aucune pression et peuvent être appréciées pleinement (15).
Montessori
Les stimulations sensorielles sont utilisées depuis longtemps aussi bien pour améliorer le bien-être que pour développer la pensée comme a pu le faire Montessori au début du 20ème siècle. En effet, Montessori (1915,1918) a proposé une approche multisensorielle de préparation à la lecture qui sollicite les modalités visuelle et auditive et également la modalité haptique. Cette dernière permet de faire le lien entre des stimuli spatiaux (perçus avec la vue) et des stimuli temporels (perçus avec l’audition) (15 bis).
Quels sont les domaines concernés par la stimulation multisensorielle ?
(liste non exhaustive)
Actuellement, la stimulation multisensorielle est de plus en plus utilisée dans différents secteurs de soin tels que les adultes avec des déficiences intellectuelles, les maladies neurodégénératives, les enfants avec une difficulté de l’apprentissage, la maternité, la gestion de la douleur chronique, la psychiatrie, l’éveil post-coma, la rééducation, les accidents vasculaires cérébraux ou bien encore les lésions cérébrales traumatiques (18).
Les personnes dépendantes
Dans son article faisant le point sur la recherche clinique sur l’approche Snoezelen utilisée en milieu résidentiel spécialisé auprès des personnes dépendantes, Martin (2015) constate que les résultats sont variés avec cependant une amélioration de la régulation émotionnelle favorisant la relaxation, la détente, l’apaisement psychique chez des personnes de tout âge (enfant, ado, adultes, personnes âgées) présentant une déficience intellectuelle avec troubles associés, une maladie neurodégénérative ou des troubles psycho-comportementaux et psychiatriques (19).
L’enfance et le handicap
Dans le domaine de l’enfance et du handicap en particulier, les activités multisensorielles servent à augmenter le niveau d’intégration multimodale de l’enfant lui permettant alors de surmonter les difficultés qui pourraient restreindre le développement de compétences cognitives de plus haut niveau telles que le jeu symbolique, le langage, l’écriture, la lecture et la compréhension sociale (20).
Dans le domaine de la périnatalité et de la toute petite enfance, la stimulation multisensorielle est indiquée pour le peau à peau pour les bébés prématurés en particulier (20 bis).
L’apprentissage
De plus, la stimulation multisensorielle dans un contexte d’apprentissage améliore les capacités cognitives aussi bien pour des élèves en situation de handicap (classe ULIS) que pour les élèves suivant une scolarité classique (21).
L’étude réalisée par Baker et Jordan en 2015 montre que des stimuli multi-sensoriels provenant d’une même source permettent d’aider au développement de faculté cognitive. Ici, il s’agit de la représentation d’une quantité chez des nourrissons et des jeunes enfants. Les auteurs expliquent les résultats comme tel : « lorsque plusieurs sens sont stimulés, ils capturent l’attention des nourrissons et des enfants qui sélectionnent avec plus d’efficacité l’information pertinente et évite les perturbations extérieures ». Cela augmenterait l’engagement dans la tâche (22).
Les interactions Homme – Machine
Dans le domaine des interactions Homme-Machine, la stimulation multisensorielle prend tout son intérêt pour faciliter l’immersion dans un environnement virtuel en augmentant la localisation du soi virtuel (23) ou pour faciliter l’utilisation d’une application en particulier lorsque la personne présente un trouble sensoriel (24). Sans parler des dispositifs de suppléance sensorielle qui pourraient être proposées à des personnes en situation de handicap mental, cognitif, physique ou psychique (dispositifs de type TVSS de suppléance sensorielle visuo-tactile) (25).
Concrètement, comment cela se passe-t-il ?
La stimulation multisensorielle à partir d’un environnement qui sollicite plusieurs sens ou d’un seul objet stimulant plusieurs sens, peut s’effectuer de multiples manières :
- aménagement environnemental partiel (l’adaptation d’un environnement connu à l’aide d’éléments multisensoriels (classe, bureau de dentiste, etc), ou total (aménagement complet de salle dédiée à cet usage uniquement (Salle de marque déposée snoezelen, espace multi-sensoriel),
- mise à disposition de dispositifs nomades proposant plusieurs stimulations sensorielles (couverture, chariot multisensoriel),
- soins, activités, dispositifs proposant la stimulation de plusieurs sens à travers un seul objet (balnéothérapie, musicothérapie, zoothérapie, art-thérapie, jardins thérapeutiques, approche digitale, activités grapho-motrices, etc).
Nous pouvons faire de la stimulation multisensorielle aussi bien dans un but récréatif, préventif ou curatif. Cela afin de stimuler les habiletés motrices, cognitives et sociales de la personne. Le recours à cette approche peut avoir lieu sur des temps programmés ou bien en flash lorsque le patient montre des signes d’agitation, de mal-être ou bien encore à la demande du patient lui-même. Généralement, la personne doit être accompagnée par un professionnel sensibilisé à cette approche. Cependant, il peut arriver que la personne soit seule, cela dépend de son profil et du dispositif proposé.
La stimulation
multisensorielle
chez Ullo
L’approche d’Ullo
Ullo est une entreprise française qui propose des outils de stimulation multisensorielle, de cohérence cardiaque et de valorisation des relations et des données. Composée de scientifiques et d’ingénieurs, Ullo est issue de collaborations entre INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) et le CMRR de Nice (Centres Mémoire de Ressources et de Recherche).
Grâce à de nombreuses études menées sur le terrain et dans des structures de santé publique telles que le service de pédopsychiatrie du Centre Hospitalier de La Rochelle, les équipes ont pu constater et confirmer que la stimulation multisensorielle est un accompagnement adapté permettant aux personnes accompagnées d’améliorer leur bien-être et qualité de vie.
Initialement destinés aux personnes vieillissantes atteintes d’Alzheimer, les outils d’Ullo sont dorénavant proposés à un plus large public tel que les personnes TSA (atteintes du trouble du spectre autistique), TDA-H (atteintes de trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité), les personnes apathiques et plus largement les personnes atteintes de troubles cognitifs et/ou sujettes à l’anxiété.
La solution proposées par Ullo
Garden, le jardin zen 2.0
Garden est un dispositif de stimulation multisensorielle et cognitive dédié à la détente et la valorisation de la relation thérapeutique. Suite à plusieurs études, Garden prouve qu’il est un objet de médiation et de valorisation de la relation mais également un excellent outil d’aide à la verbalisation.
Dispositif de stimulation multisensorielle et cognitive
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Références :
(1) Stein, B. E., & Meredith, M. A. 1993. Cognitive neuroscience. The merging of the senses. Cambridge, MA, US: The MIT Press (1993)
(2) Meredith, M.A. 2002. On the neuronal basis for multisensory convergence: A brief overview. Cogn. Brain Res. 14, 31–40 (2002)
(3) Talsma, D., Senkowski, D., Soto-Faraco, S., and Woldorff M. G. .2010. The multifaceted interplay between attention and multisensory integration,Trends in Cognitive Sciences, 14, pp.400-410).
(3bis) Thelen, A., Matusz, P.J. & Murray, M.M. (2014). Multisensory context portends object memory.Current Biology, Vol 24, n°16, Pages R734–R735.
(4) Smith Roley, S., Mailloux, Z., Miller-Kuhaneck, H., & Glennon, T. (2007). Understanding Ayres’ sensory integration.
(5) https://www.leneurogroupe.org/integration-sensorielle
(6) file:///Users/brigitte/Downloads/fort_a-1.pdf Welche&Warren, 1986, Stein et al., 1996, Driver et Spence, 1998, Eimer, 2001, Spence, 2002, …
(7) Hershenson, 1962, Treisman et Gelade, 1980, Stein et al., 1989, Miller, 1982, Giard et Peronnet, 1999, …
(8) McGurk, H., & MacDonald, J. (1976). Hearing lips and seeing voices. Nature, 264(5588), 746-748.
(9) Driver, J. (1996). Enhancement of selective listening by illusory mislocation of speech sounds due to lip-reading. Nature, 381(6577), 66-68.
(10) Bechara, Tranel, Damasio, Adolphs, Rockland, & Damasio, 1995 ; Stuss & Alexander, 1999.
(11) Merabet, Desautels, Minville, & Casanova, 1998 ; Casanova, Merabet, Minville, & Desautels, 1999.
(12)Leiderman, H., Mendelson, J. H., Wexler, D., & Solomon, P. (1958). Sensory deprivation: clinical aspects. AMA archives of internal medicine, 101(2), 389-396.
(13) éveil et communication-Lambert J. (2001), repérage spatio-temporel
(14) Martin, P. (2015). État de la recherche clinique sur l’approche Snoezelenutilisée en milieu résidentiel spécialisé. Revue francophone de la déficienceintellectuelle, 26, 161–180. https://doi.org/10.7202/1037056ar)
(15) Lancioni, G. E., Cuvo, A. J., & O’reilly, M. F. (2002). Snoezelen: an overview of research with people with developmental disabilities and dementia. Disability and rehabilitation, 24(4), 175-184.(15bis) Bryant et Bradley, 1985, Gentaz, Colé et Bara, 2003. Hatwell, Y., Streri, A., & Gentaz, E. (2000). Toucher pour connaître. Psychologie cognitive de la perception tactile manuelle. Paris : PUF.
(17) Rhyn, M., Pelle, C., Misso, V., & Barras, L. (2020). Les apports d’un environnement multisensoriel dans l’offre en soins hospitalière des adolescents en souffrance psychique, évaluation d’un projet clinique. Revue Francophone Internationale de Recherche Infirmière, 6(1), 100194.
(18) Baillon, S., Van Diepen, E., & Prettyman, R. (2002). Multi-sensory therapy in psychiatric care. Advances in psychiatric treatment, 8(6), 444-450.
(19) Martin, P. (2015). État de la recherche clinique sur l’approche Snoezelen utilisée en milieu résidentiel spécialisé. Revue francophone de la déficience intellectuelle, 26, 161-180.
(20) https://autisme-espoir.org/wp-content/uploads/BMC-pediatrics-therapie-par-le-jeu.pdf
(20bis) Pignol, J., Lochelongue, V., & Fléchelles, O. (2008). Peau à peau: un contact crucial pour le nouveau-né. Spirale, (2), 59-69. Feldman, R. (2002). Les programmes d’intervention pour les enfants prématurés et leur impact sur le développement: et trop et pas assez. Devenir, 14(3), 239-263.
(21) Alexandra Prunier. L’impact de la stimulation multi-sensorielle sur la mémorisation à long terme.Education. 2015. dumas-01280883.
(22) Baker, J.M. andJordan, K.E. (2015), Chapter 11. The influence of multisensory cues on representation of quantity in children, Evolutionary Origins and Early Development of Number Processing, (pp. 277-304). United States of America : Elsevier Inc. Academic Press)
(23) Nakul, E., Orlando-Dessaints, N., Lenggenhager, B., & Lopez, C. (2017). Bases multisensorielles de la localisation du soi. Approches par des conflits visuo-tactiles dans un environnement virtuel. Neurophysiologie Clinique, 47(5-6), 344.
(24) Botherel, V., Chêne, D., & Joucla, H. (2019, October). Une conception universelle mise en œuvre via des modes d’usages. In Journée annuelle du Sensolier 2019.
(25) Hervé Segond, Stéphane Maris, Yves Desnos, Perrine Belusso. IHM de Suppléance Sensorielle Visuo-Tactile pour Aveugles et d’Intégration Sensorielle pour Autistes. Journal d’Interaction Personne-Système, Association Francophone d’Interaction Homme-Machine (AFIHM), 2011, 2 (1), pp.1-15.